[1] Deux religieuses catholiques, Consolata Mukangango et Julienne Mukabutera ont été condamnées en 2001 par la Belgique pour génocide.
28/02/2009
Le pape, l'évêque négationniste et les prêtres rwandais condamnés pour génocide.
[1] Deux religieuses catholiques, Consolata Mukangango et Julienne Mukabutera ont été condamnées en 2001 par la Belgique pour génocide.
19/02/2009
Péan et le massacre de Kibagabaga ou un mensonge de plus.
Mai 1994, Kigali, Bernard Kouchner parle avec François Mitterrand (Kigali, des images contre un massacre).
«Le génocide au Rwanda - Le livre de Pierre Péan y est largement consacré et tend à montrer que Bernard Kouchner aurait imputé le massacre de Kibagabaga aux hutus, alors que les tutsis de son «ami» Paul Kagamé en seraient responsables.» Le Figaro, 4 février 2009
«Une bonne partie du livre est consacrée au Rwanda. Parmi les accusations portées contre vous il y a notamment celle d’avoir imputé le massacre de l’église de Kibagabaga aux hutus alors qu’ils auraient été assassinés par les tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé, présenté comme votre ami…» Le Nouvel Observateur, 4 février 2009.
Cette accusation a été reprise par plusieurs grands journaux français, mais aucun journaliste n’a noté que le massacre des Tutsi de Kibagabaga a déjà été jugé par le Tribunal pénal International pour le Rwanda. Théoneste Bagosora a été condamné le 18 décembre 2008 [1] pour génocide notamment pour ces faits. Le jugement revient en détail sur ce drame : le 9 avril 1994, des militaires FAR et des gendarmes aidés par les miliciens interahamwe ont massacré les Tutsi qui avaient trouvé refuge dans cette église[2]. Personne n'a été épargné. Car l'idée c’était d'effacer les Tutsi de la surface de la Terre, l'idée c'était d'accomplir un génocide.
Bernard Kouchner le sait bien[3]. Car, lui, a pris le risque physique de se rendre au Rwanda, au mois de mai 1994, pour tenter quelque chose pendant que s'accomplissait le génocide. On voit son découragement dans le reportage « Kigali, des images contre un massacre » (2006) de Jean-Christophe Klotz lorsqu'il essaye en vain d’alerter François Mitterrand sur la réalité du génocide en cours. Mais celui-ci a la tête ailleurs. Au même moment[4] il « confessait » à Pierre Péan son passé vichyste et ses liens d'amitié avec le présumé criminel contre l'humanité, René Bousquet. Plus tard, le fin lettré qu'était Mitterrand eut ces mots immondes « dans ces pays là, un génocide ce n'est pas trop important [5]».
Que Pierre Péan nie la réalité d’un crime de génocide à Kibagabaga, c'est dans l'ordre des choses, puisque cet auteur de best-sellers s'autoproclame révisionniste du génocide des Tutsi[6], par contre, qu’il soit soutenu par beaucoup de Français[7] et par un nombre non négligeable de journalistes et d’hommes politiques, c’est beaucoup plus inquiétant.
Mise à jour : Extrait de l'interview de Bernard Kouchner dans Jeune Afrique du 1 avril 2009.
Le tour d’Afrique de Bernard Kouchner (Jeune Afrique, 1 avril 2009) :
Dans le livre qu’il vient de vous consacrer, Pierre Péan vous accuse d’avoir pactisé avec le diable : Paul Kagamé.
C’est son affaire. Je ne crois ni en Dieu ni au diable. Mais si Dieu existe, il jugera. Toute ma vie, j’ai été du côté des victimes et je sais, parce que j’y étais, qu’au Rwanda il n’y a pas eu un double génocide mais un seul, celui des Tutsis par les Hutus, sur ordre. Péan dit quelque part dans son livre que les cadavres sur lesquels j’ai marché à Kibagabaga n’étaient pas victimes des Hutus mais des Tutsis. Quelle ignominie ! Il m’arrive encore d’en pleurer…
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[1] The Chamber finds Bagosora guilty of genocide (Count 2) for ordering the crime of genocide committed between 6 and 9 April 1994 at Kigali area roadblocks under Article 6 (1) and for the crimes committed at the Kabeza, Kibagabaga Mosque, the Saint Josephite Centre, Karama hill, Kibagabaga Catholic Church, Gikondo Parish, Gisenyi town, Mudende University and Nyundo Parish as a superior under Article 6 (3) of the Statute. Bagosora is also liable as a superior for crimes committed at the Kigali area roadblocks (IV.1.2), which the Chamber will take into account in sentencing. Judgement and Sentence, Bagosora et al, ICTR-98-41-T, page 547.
[2] On 9 April 1994, a number of soldiers and gendarmes digging trenches near Kibagabaga Catholic Church were told by a high-ranking soldier to kill the refugees there. The military personnel then gave firearms and grenades to a group of Interahamwe who began attacking the church. During the attack, the Interahamwe asked to see the identity cards of the refugees and killed the Tutsis. The military personnel watched as the attack proceeded. Judgement and Sentence, Bagosora et al, ICTR-98-41-T, page 543.
[3] «J’ai su au Rwanda pourquoi des juifs étaient morts pendant la guerre. J’ai su qu’Auschwitz était à la portée de tous » Bernard Kouchner, dans « Kigali, des images contre un massacre ».
[4] « J’ai vécu en direct les événements à travers mon téléphone. J’entendais les balles siffler à l’hôtel des milles collines à Kigali, lorsqu’un universitaire m’a appelé pour essayer de sauver les cinq enfants d’Agathe le premier ministre issu de l’opposition au président Habyarimana qui venait d’être assassiné. J’ai transmis la demande à l’Elysée qui a donné les instructions pour les sauver. [Nota : c’est faux, lire le témoignage de A. Guichaoua qui contredit Péan. Ces enfants ont trouvé refuge en Suisse, suite au refus d'asile de la France.] A l ‘époque, je travaillais à mon livre sur François Mitterrand, Une jeunesse française. J’ai discuté avec lui et me souviens d’une phrase en particulier : « savez-vous que les tutsis massacrent aussi ? ». J’ai toujours regretté de n’avoir pu en faire un livre dès 1994, mais il était impossible d’écrire deux livres en même temps. » Pierre Péan, « Le journal du Mardi » (Belgique), 22 novembre 2005.
[5] Propos rapportés par Patrick de Saint-Exupéry dans «France-Rwanda : un génocide sans importance», Le Figaro du 12 janvier 1998.
[6] «Je revendique ce révisionnisme sans trouble de conscience, puisque la seule façon de cheminer vers la vérité quand l'histoire est truquée, c'est de la réviser.» Pierre Péan, interview à l’agence Hirondelle, 23 novembre 2005.
[7] Au vu du nombre de commentaires enthousiastes qu’il suscite sur la toile et du nombre d’exemplaires vendus de son livre (100 000 ex.).