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Dans son acte d’accusation publié le 3 mars 2008, le procureur général du Rwanda l’accuse de «génocide, complicité de génocide, complot de génocide, assassinat et extermination », pour des actes qu’il aurait commis à Kigali et à Gisenyi à partir d’avril 1994.
«L'inarrrêtable» capitaine Pascal Simbikangwa a été arrêté le 28 octobre 2008 à Mayotte, France. C'est en 2005 qu'il décida de séjourner en France, auparavant il vivait en République fédérale islamique des Comores. Un pays où le frère d’Agathe Habyarimana, Séraphin Rwabukumba (il est accusé par plusieurs sources d’être membre du réseau zéro) a longtemps vécu et où il fait des affaires. Au vu de son handicap, on a longtemps cru que Pascal Simbikangwa n'avait pas survécu aux rigueurs des camps du Zaïre, c'est peut-être pour cela que son nom n'a pas fait partie des premiers actes d'accusations du TPIR. Il faut dire également que «le tortionnaire» avait pris le soin de vivre sous une fausse identité : Safari Sedinawara.
Lorsqu’on s’appelle Pascal Simbikangwa et qu’on est recherché par Interpol, est-ce judicieux de choisir la France « pays-des-droits-de-l’homme » plutôt que la République fédérale islamique des Comores plus connue pour ses coups d’états et sa corruption que pour sa démocratie ? Curieusement, oui. La France est très attractive pour les Rwandais accusés de génocide, c’est le pays au monde ayant sur son sol le plus grand nombre (12) de Rwandais accusés de génocide[6] (en dehors du Rwanda), dont 10 recherchés par Interpol[7]. Tous ces Rwandais sont libres, aucun n'a été jugé et toutes les demandes d'extradition vers le Rwanda ont été refusées par les tribunaux français, à l’exception d’une seule autorisée par la Cour d’Appel de Chambéry mais ensuite cassée par la Cour de Cassation le 9 juillet 2008 (Affaire Claver Kamana). La France a en outre été condamnée le 8 juin 2004 par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour n'avoir pas jugé dans un délai raisonnable un Rwandais accusé de génocide. Plus de quatre ans après cette condamnation Wenceslas Munyeshyaka est encore très loin du box des accusés d'une Cour d’assise…
Le capitaine Pascal Simbikanwgwa sera jugé en France, il n’y a aucun doute, mais il sera jugé pour....trafic de faux papiers, pas pour «génocide». Etre accusé de génocide, crime contre l'humanité, torture, viol, meurtre contre des Rwandais au Rwanda, n’empêche nullement de vivre paisiblement en France avec ou sans papiers. Plusieurs rwandais [8] accusés de génocide ont vu ainsi leur demande d’asile politique refusée par la commission de recours des réfugiés au motif « qu’il y a des raisons sérieuses de penser que X s’est rendu coupable d’un crime au sens de l’article 1er F, de l’article premier de la convention de Genève, et notamment d’un crime contre l’humanité » mais curieusement cela ne les empêche pas de résider et de travailler en France. Par contre, favoriser l'immigration clandestine en confectionnant des faux papiers cela ne pardonne pas au « pays-des-droits-de-l'homme ». « Le tortionnaire » va méditer longtemps son erreur, il risque 10 ans de prison pour cette infraction.
Malheureusement, ses victimes rwandaises n'auront pas encore la satisfaction de le voir devant un tribunal qui le jugerait pour «génocide». C’est dommage, car le procureur français aurait pu appeler à la barre Bill Clinton qui, le 30 avril 1994, lorsqu’il était président des Etats-Unis d’Amérique, avait appelé les leaders rwandais, à plus d'humanité ("to recognize their common bonds of humanity") sur la radio Voice of America (diffusée au Rwanda). Son National Secretary Advisor, Antony Lake, avait préalablement fait cette déclaration à la Maison Blanche, le 22 avril 1994:
«We call on the leadership of Rwanda Army Forces, including Army-Commander in Chief Col. Augustin Bizimungu, Col Nkundiye, Capt Pascal Simbikangwa and Col. Bagosora, to do everything in their power to end the violence immediately».[9]
MISE A JOUR : Pascal Simbikangwa, premier Rwandais renvoyé devant les assises en France (source TV5). Le procès d'assises de Pascal Simbikangwa se tiendra du 4 février au 28 mars 2014.
NOTA: La caricature publiée dans le journal Umurangi le 10 février 1992 est reproduite dans le livre «Les médias du génocide», page 41, Editions Karthala, Jean-Pierre Chrétien (sous la direction) . Les photographies représentant Pascal Simbikangwa avant et après son accident de voiture sont des copies de son livre «L'homme et sa croix», éditions de l’Imprisco, déc. 1989.
Pour les rwandophones, lire l'article du journal Izuba : Kapiteni Simbikangwa yatawe muri yombi
1 Akazu : petite maison en kinyarwanda, mot désignant un cercle restreint composé de personnes proches du couple présidentiel qui exerçaient le pouvoir réel au Rwanda à l’époque du général Juvénal Habyarimana.
2 She [Monique Mujawamariya] was threatened with death by Capt. Pascal Simbikangwa, known to have tortured many persons detained by the secret police.
3 Ikinani : qui signifie l'invicible c'était le surnom des supporters du général Juvénal Habyarimana.
4 Il fait allusion au jour de l'accident de voiture qui l'a rendu paralysé. L’homme et sa croix, éditions de l’Imprisco, déc. 1989, pages 95, 111 et 114.
5 Les Tutsi étaient parfois surnommés ainsi par les extrêmistes Hutu en références aux juifs éthiopiens. Ils étaient également supposés avoir un nez plus long que les Hutu.
1 Akazu : petite maison en kinyarwanda, mot désignant un cercle restreint composé de personnes proches du couple présidentiel qui exerçaient le pouvoir réel au Rwanda à l’époque du général Juvénal Habyarimana.
2 She [Monique Mujawamariya] was threatened with death by Capt. Pascal Simbikangwa, known to have tortured many persons detained by the secret police.
3 Ikinani : qui signifie l'invicible c'était le surnom des supporters du général Juvénal Habyarimana.
4 Il fait allusion au jour de l'accident de voiture qui l'a rendu paralysé. L’homme et sa croix, éditions de l’Imprisco, déc. 1989, pages 95, 111 et 114.
5 Les Tutsi étaient parfois surnommés ainsi par les extrêmistes Hutu en références aux juifs éthiopiens. Ils étaient également supposés avoir un nez plus long que les Hutu.
6 Marcel Bivugabagabo, Laurent Bucyibaruta, Isaac Kamali, Claver Kamana, Agathe Kanziga, Cyprien Kayumba, Stanislas Mbonampeka, Sosthène Munyemana, Wenceslas Munyeshyaka, Laurent Serubuga, Pascal Simbikangwa et Pierre Tegera. Voir le site du Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda.
7 Stanislas Mbonampeka, Sosthène Munyemana, Marcel Bivugabagabo, Laurent Bucyibaruta,Wenceslas Munyeshyaka, Isaac Kamali, Claver Kamana, Fabien Neretse, Eugène Rwamucyo etPierre Tegera.
8 Agathe Kanziga, veuve Habyarimana, Sosthène Munyemana, Stanislas Mbonampeka et Pierre Tegera.