28/02/2009

Le pape, l'évêque négationniste et les prêtres rwandais condamnés pour génocide.


Le bon pape Benoit XVI vient de déclarer que « Mgr Williamson devra prendre de façon absolue et sans équivoque ses distances avec ses positions concernant la Shoah» (Le Figaro, 27 février 2009). Il venait récemment d'annoncer son intention de réintégrer dans le giron de l’Église catholique cet évêque fondamentaliste excommunié par Jean-Paul II. Problème : Mgr Williamson nie l’existence des chambres à gaz et la réalité du génocide des juifs. Sous la pression des médias et de « la communauté des croyants », Mgr Williamson nie un peu moins, mais il n'est pas assez sincère selon Benoit XVI.

Le même jour, à Arusha, un prêtre catholique, l’abbé Emmanuel Rukundo était condamné dans l'indifférence générale à 25 ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda pour « génocide, assassinat et extermination comme crime contre l’humanité et viol » (peine réduite en appel à 23 ans). Il s’agit du deuxième prêtre à subir cette condamnation par le tribunal international[1]. Avant lui, le 13 décembre 2006 (confirmé en appel le 12 mars 2008) le prêtre Athanase Seromba avait été condamné pour «extermination et génocide».
Pendant que le TPIR recherchait activement Athanase Seromba, l’Église le cachait à Florence, en Italie grâce à ses réseaux[2]. Il vivait sous la fausse identité de Don Anastasio Sumbabura, prêtre Zairois. Retrouvé par les enquêteurs du TPIR, il sera finalement extradé par l’Italie le 6 février 2002 après huit mois de bras de fer mémorable entre Carla del Ponte et Silvio Berlusconi qui, en bon chrétien, rechignait à extrader un prêtre catholique.

Les condamnés Athanase Seromba et Emmanuel Rukundo, n’ont pas été excommuniés, malgré la demande de Mgr Kilaini, l'évêque de Dar es Salaam. Le pape ne leur a jamais demandé de prendre de façon absolue et sans équivoque leur distance avec le crime de génocide qu’ils ont commis contre les Tutsi au Rwanda. 

Certainement un oubli.



Photo 1 : Emmanuel Rukundo, Photo 2 : Athanase Seromba, Photo 3 : Richard Williamson

A voir « Dieu est mort au Rwanda ». Paradoxalement et contrairement à ce que pourrait laisser croire ce documentaire, le nombre de croyants n'a pas baissé au Rwanda. Par contre, beaucoup se sont éloignés de l'Église catholique pour se rapprocher des Églises évangéliques américaines du type «born again» (baptistes, adventistes, témoins de jéhovah, Église de Zion etc...).

[1] Deux religieuses catholiques, Consolata Mukangango et Julienne Mukabutera ont été condamnées en 2001 par la Belgique pour génocide.
[2] Parmi la nombreuse documentation sur ce sujet lire notamment : La filière française des prêtres rwandais, Libération, 2 avril 1999.