Pourtant, Alison des Forges, membre dirigeante de Human Right Watch, s’est vue refusée l’entrée au Rwanda le 2 décembre dernier pour « des motifs personnels » selon Anaclet Kalibata, le directeur de l’immigration du Rwanda, alors même qu’en tant que citoyenne américaine, elle n’a pas besoin de visa d’entrée (voir The New Times du 30 décembre 2008). Si on parle de motifs personnels, le Rwanda devrait plutôt décorer Madame Des Forges, il devrait plutôt la célébrer et l’accueillir comme il se doit.
Alison Des Forges s’est récemment battue pour que des Rwandais accusés de génocide ne soient pas extradés vers le Rwanda, elle a émis des critiques sévères sur le système judiciaire rwandais, c’est certainement ce qui lui a valu ce refus d’entrée au Rwanda. Je ne suis personnellement pas du même avis que Madame Des Forges car j'estime que justice doit être rendue devant les victimes du génocide, devant les Rwandais, au Rwanda, afin de sensibiliser les générations futures. Le procureur de la République du Rwanda, Martin Ngoga, a permis à la justice rwandaise de faire des avancées importantes, il est encore prêt à donner toutes les garanties nécessaires pour que des procès de Rwandais extradés soient possibles au Rwanda (voir The New Times du 23 novembre 2008). Je ne suis pas d'accord avec Madame Des Forges, pourtant je respecte son point de vue et je souhaite qu’elle puisse l’exprimer, même au Rwanda, surtout au Rwanda.
Si le Rwanda a manqué à ses obligations d’hospitalité envers Alison Des Forges, il a surtout commis une faute politique. Refouler une militante des droits de l'homme aussi respectée ne résoudra pas les problèmes du Rwanda. Bien au contraire. La communauté internationale mais surtout le nouveau président des Etats-Unis d’Amérique, Barack Obama, pourrait croire que le Rwanda n’est pas prêt au débat démocratique et pourrait être tenté de retirer son soutien indispensable à notre pays.