Gérard Croissant, alias frère Ephraïm, est le fondateur de la Communauté des Béatitudes reconnue par l’Eglise catholique mais considérée par de nombreux observateurs comme une secte.
Frère Ephraïm, citoyen français, est recherché par la police française pour «non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personnes ayant autorité». Il avait introduit en toute connaissance de cause dans sa communauté (qui comportait des enfants), puis protégé, un prêtre pédophile, Pierre-Etienne Albert [2]
qu'il avait pompeusement nommé «accompagnateur psychospirituel ».
Installée au Rwanda en 1900 , six ans après que les Rwandais ont découvert les premiers européens, elle a modelé le pays à son image, diffusant sa pudibonderie, sa morale du XIXème siècle (les Pères blancs avaient une des vision la plus rétrograde de l'Eglise catholique) et sa vision du monde très primitive (ce sont les Pères blancs qui ont, entre autres, enseigné aux élèves rwandais la théorie hamitique). Pendant un demi-siècle ils ont été les seuls à instruire les Rwandais, puis les seuls principaux acteurs économiques du pays, l’Eglise est encore aujourd’hui la principale propriétaire au Rwanda après l’Etat.
Le Rwanda, plus d’un siècle après l’arrivée de l'évêque français Mgr Hirth 3] est plus que jamais le pays des mille églises. Il ne se passe pas un jour sans qu’un missionnaire chrétien ne débarque à l’aéroport de Kanombe (désormais surtout en provenance des Etats-Unis), sans qu’une nouvelle «église» ne se crée, sans qu’un nouveau prophète n’ouvre sa boutique en s’autoproclamant messager de Dieu, Jésus ou autre Zion…
Il était donc naturel que Frère Ephraïm trouve refuge au Rwanda et y prospère. Mais s’il décide d’y rester [4], il pourrait devenir le premier français en cavale réfugié au Rwanda. Sachant que le Rwanda réclame en vain plusieurs rwandais suspectés du crime de génocide, réfugiés eux, en France, il pourrait être tentant pour les autorités rwandaises de refuser à leur tour l’extradition d'un fugitif français vers la France. C’est tentant, très tentant... Mais non, que le Rwanda reste digne et collabore le mieux possible avec la police française. Le Rwanda ne doit pas devenir le sanctuaire des fugitifs français, moine ou pas.
Il ne serait pas sain que nos autorités suivent l’exemple de la France qui donne l’asile à des Rwandais recherchés par leur pays, des hommes accusés de génocide, de crimes contre l’humanité, de viol, de torture.
Et puis, est-ce que le Rwanda a besoin de frère Ephraïm et d'une secte de plus : la Communauté des Béatitudes ?
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MISE A JOUR : Gérard Croissant dit frère Ephraïm est reparti du Rwanda le 3 novembre 2008, il est arrivé à Paris le 4 novembre (source Nouvel Observateur). Les autorités rwandaises ont-elles expliqué à frère Ephraïm qu'un homme recherché par la justice de son pays n'avait pas sa place au Rwanda ? Oui. Il a été signifié à Gérard Croissant qu'il ne pouvait plus rester au Rwanda.
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Nota: la caricature de Cabu est tirée de l'article du Canard Enchainé du 17 janvier 2007,
La secte qui prospère avec la bénédiction de l'Eglise. Les photographies de pères blancs au Rwanda proviennent de la revue Grands Lacs, no 135, du 15 septembre 1950.
[1]Une secte au sein de l’'Eglise catholique ? Nouvel Observateur, 29/03/2007. La secte qui prospère avec la bénédiction de l'Eglise, le Canard Enchainé, 17 janvier 2007.
Voir Scandale pédophile dans la communauté religieuse des Béatitudes, le Figaro, 8 février 2008 et Un religieux reconnaît une cinquantaine d'agressions, le Parisien, 18 février 2008.
Lire absolument le méconnu « De novembre 1899 à février 1900. Premier voyage de Mgr Hirth au Rwanda » de P. Stefaan Minnaert, malheureusement seulement disponible au Rwanda ou sur commande.
[4] Dans un courrier adressé il y a un mois à l'ensemble des membres des Béatitudes, il explique son peu de foi dans la justice des hommes, et cite la Bible : « Lorsque vous avez un différend entre vous, comment osez-vous le faire juger par des païens et non par les saints ? » [Le Parisien, 18 février 2008]