"A question of Murder" par Ginny Stein, SBS TV Australia (21 février 2007)
29/01/2010
Heureux comme Callixte Mbarushimana en France
"A question of Murder" par Ginny Stein, SBS TV Australia (21 février 2007)
23/01/2010
Attentat contre Habyarimana : la fin de «l’hypothèse FPR»
Sur la base des preuves obtenues aussi bien des déclarations des témoins que de l’examen des emplacements éventuels des tirs de missiles indiqués dans ces déclarations, on peut conclure que l’avion a été abattu par un ou plusieurs missiles tirés à partir d’une position dans l’enveloppe marquée par les auteurs sur la carte figurant à l’annexe G.
Ce rapport qui sera notamment remis au successeur du juge Bruguière, le juge Trévidic, pourrait être la base d’un travail judiciaire futur. Espérons que, contrairement à son prédécesseur, celui-ci ne va pas enquêter sur les auteurs de l’attentat dans son bureau parisien avec la seule aide de sa greffière et d’un traducteur, dont le beau-père, Félicien Kabuga est le fugitif le plus recherché par le T.P.I.R... Malheureusement, le rapport Mutsinzi n’apporte pas de noms. Les F.A.R, oui, mais qui exactement ? Les F.A.R seuls, ou les F.A.R aidés par des mercenaires ? Et puis on aimerait en savoir plus sur l’autre guerre qui a suivi le génocide, la guerre de la désinformation.
Références :
- Rapport du « Comité indépendant d’experts chargé de l’enquête sur le crash du 06/04/1994 de l’avion Falcon 50 No 9XR-NN » dit « rapport Mutsinzi ».
- Enquête sur le crash du 6 avril 1994 de l’avion Dassault Falcon 50 immatriculé 9XR-NN transportant à bord l’ancien président Juvénal Habyarimana – Académie militaire du Royaume-Uni, Université de Cranfield.
- Le juge Bruguière démenti par l’un de ses témoins-clés, RFI, le 4 décembre 2006 [Emmanuel Ruzingana]
- Le témoin-clé du juge Bruguière se rétracte, Libération, 19 novembre 2008 [Abdul Ruzibiza]
- Il faut soigner le soldat Ruzibiza, le blog de Kagatama, 14 novembre 2008
- Un témoignage contre un visa, Le Nouvel Observateur, le 11 mars 2009 [Innocent Marara]
- Les premiers témoignages accablant le FPR comme auteur du déclenchement du génocide rwandais déclenchement du génocide rwandais, communiqué du F.D.U, le parti de Victoire Ingabire.
- Le prétendu mystère de la boîte noire du génocide rwandais, Patrick de St. Exupéry, Le Monde, 9 avril 2009.
- Rwanda - Les bonnes affaires du capitaine Barril au temps du génocide, Charlie Hebdo, 9 septembre 2009
- Qui a tué Habyarimana ? Les rwandais ont mené l’enquête, Colette Braeckman, 7 janvier 2010.
- Rwanda, le rapport qui contredit la justice française, Libération, 8 janvier 2010
- Bruguière traque le président rwandais, Le Vrai Papier Journal, Pierre Péan, Christophe Nick et Xavier Muntz, Octobre 2000. Un des tout premier article, sinon le premier, évoquant « l'hypothèse F.P.R » et l'enquête du juge Bruguière.
Jean-Pierre Mugabe a obtenu l'asile politique aux U.S.A, Abdul Ruzibiza, Innocent Marara, Emmanuel Ruzigana et Aloys Ruyenzi sont arrivés en France à l'invitation du Juge Bruguière, les deux premiers vivent désormais en Norvège et le dernier vit en Angleterre, Aloys Ruyenzi et Christophe Hakizabera vivent toujours en France.
Christophe Hakizabera qui est un des tout premier dissident du F.P.R à avoir évoqué l’hypothèse d'un attentat commis par le F.P.R a été le candidat malheureux au poste de président des F.D.L.R; une rébellion criminelle qui sévit au Congo. L'heureux élu, Ignace Murwanashyaka, est actuellement détenu par l'Allemagne qui l'accuse de crime contre l'humanité.
08/01/2010
Rosalie Gicanda, la dernière reine du Rwanda
Portrait de l'umwamikazi, Rosalie Gicanda, épouse de Charles Mutara Rudahigwa, Mwami du Ruanda.
(Source : Atlas du Congo Belge et du Ruanda-Urundi par Pierre Ryckmans, 1955)
Comme toutes les personnes de sa génération, elle commençait par poser au visiteur la question rituelle « Ese uba uwa nde ? Uturuka m'uwuhe muryango ? »[1]. Lorsqu’on lui répondait, mon père est tel, c'est un umwega de Rugarama rwa Kigali, ma mère est une umujijikazi de l'ubuliza originaire du Buganza, elle se lançait alors dans une recherche généalogique savante pour savoir si elle connaissait un de nos ancêtres. Devant cette vieille femme magnifique, nous étions toujours très impressionnés, et puis la conversation débutait. Sa maison était très connue à Butare, les pauvres venaient y recevoir un repas, un verre de lait, tout le monde pouvait la rencontrer sans aucune forme de protocole, que vous soyiez Hutu, Twa ou Tutsi, sa porte était constamment ouverte. Rosalie Gicanda était pourtant une reine, la veuve du Mwami Mutara Rudahigwa dont la mort le 25 juillet 1959 avait été le prélude aux pogroms anti-Tutsi et à l’exil de milliers d’entre eux du Rwanda. Elle, avait décidé de rester, même lorsque son beau-frère, le Mwami Kigeli V avait quitté le pays le 14 novembre 1960. Unique représentante de la monarchie au Rwanda, elle était placée sous la protection des régimes successifs de Kayibanda et de Habyarimana. Ces régimes ethnistes n’ayant aucun intérêt politique à ce qu’il lui arrive quelque chose... Elle vivait à Butare, simplement, et se consacrait à l’aide des plus démunis.
J'ai profité de mes années universitaires dans cette ville, pour la rencontrer, curieuse que j’étais des vieilles histoires rwandaises, de nos coutumes. A mon retour chez moi, j’impressionnais ma grand-mère, Bibi, lorsque je lui relatais mes rencontres avec la reine Gicanda. Bibi enthousiaste pouvait me harceler à son sujet pendant des jours entiers, pour que je répète encore et encore les histoires de Gicanda.
En 1978, un de ses neveux, réfugié rwandais en Ouganda, avait pris tous les risques, à 21 ans, pour s’introduire clandestinement au Rwanda, dans le seul but de rencontrer sa prestigieuse tante, la sœur de sa mère (voir photo ci-contre). Plusieurs années plus tard, ce jeune homme est revenu dans son pays d’origine. Il est aujourd’hui le président de la République du Rwanda.
Et puis, il y a eu le génocide. Le 20 avril 1994, des barbares se sont introduits chez elle, l’ont enlevée avec six autres femmes de son entourage dans une camionnette, l’ont exhibée dans les rues de la ville, puis ont exécuté la reine Gicanda et ses six amies[2]. Rosalie Gicanda avait 80 ans. Les exécutants de ce carnage, le sous-lieutenant Pierre Bizimana et le Dr Kageruka, ancien médecin à l'Hôpital Universitaire de Butare, ont été condamnés à mort le 27 juillet 1998 par la Chambre spécialisée de la Cour militaire, siégeant à Butare.
Le capitaine Ildephonse Nizeyimana accusé par le Procureur du TPIR d’avoir commis le génocide à Butare et d'avoir commandité l'assassinat de la reine Gicanda, a été arrêté en Ouganda le 5 octobre 2009, et transféré à Arusha. Devant ses juges, il plaide non coupable.
[1] Littéralement « de qui viens-tu ?» De quelle famille viens-tu ? En fait « à quel clan appartiens-tu ?». Il existe 18 clans principaux au Rwanda. Lire notamment « Les clans du Rwanda ancien : éléments d'ethnosociologie et d'ethnohistoire » de Marcel d'Hertefelt ou « La non-validité de la notion d'ethnie au Rwanda » par Justin Gahigi.
[2] Par miracle une des six personnes exécutées, une adolescente, a survécu. Lire le récit du drame dans «Aucun témoin ne doit survivre.»